Après quelques rudes déceptions, je me méfiais des recommandations de lecture reçues via FB. Mais là, le sujet (le deuil d'un père) me touchait et les recommandations venaient de contacts dont les mots me paraissaient à la fois sensibles et justes.
J'ai donc acheté et lu Avant que j'oublie, d'Anne Pauly, et en effet ce fut une lecture marquante qui m'a laissée un peu sonnée, même si ce père "déglingo" dont on raconte la disparition n'a rien à voir avec le mien, si bienveillant et facile à vivre. Une phrase entre autres m'a touchée là où ça cogne et où ça pleure :"Pardon de n'avoir pas vu que tu mourais". Le récit, court, est fort, sans pathos ni sentimentalisme, grinçant souvent, et bouleversant, avec une écriture ad hoc, énergique et sans fioritures .
J'ai fini le livre hier soir et cette nuit j'ai rêvé que mon père m'apparaissait. Il portait un pull rouge, ses cheveux et sa moustache avaient retrouvé leur couleur brune, il avait son habituel sourire gentil et malicieux. Ma mère, assise près de moi, le voyait aussi, alors je me disais que ce ne devait pas être une hallucination. Je me levais du banc où j'étais assise, incrédule, inquiète de voir ce fantôme se dissoudre, mais poussée par un fol espoir. Et quand je saisissais sa main, je la sentais dans la mienne ferme et bien vivante.
Alors, pour ce livre direct comme on le dit d'un coup à l'estomac (ou au coeur), pour le moment de grâce vécu cette nuit qui a baigné ma journée d'une lumière douce et triste, merci à l'autrice, et merci aux lectrices qui ont attiré mon attention sur lui.