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Mon jardin mouchoir de poche

2020-04-10 23:35

Admin

blog jardin,

Mon jardin mouchoir de poche

En ces temps de confinement, j’ai envie de vous parler du premier jardin que j’ai fait en banlieue parisienne. Un tout petit petit jardin, un mouchoir de poche.

            En ces temps de confinement, j’ai envie de vous parler du premier jardin que j’ai fait en banlieue parisienne. Un tout petit petit jardin, un mouchoir de poche, et posé sur une dalle de béton, mais à côté de mon balcon d’Abu Dhabi (voir article précédent), c’était tout de même un jardin ! Il devait mesurer, je pense, une vingtaine de mètres carrés, à l’arrière de l‘étroite maison de ville d’une copropriété. 

             Les promoteurs ne s’étaient pas embêtés côté aménagement paysager : 80 cm de terre argileuse déposés au-dessus du parking souterrain, une terrasse de dalles style gravillons jaunâtres agglomérés devant les portes-fenêtres du salon, un muret surmonté d’un grillage autour, un peu de gazon semé sur le carré de terre et, idée de génie, une haie d’affreux thuyas pour l’intimité... Les deux premières années où nous y avons vécu, je me suis contentée de placer deux jardinières au bord de la terrasse, de tondre le gazon avec une tondeuse à main et de tailler les thuyas. C’était vraiment le degré zéro du jardin :

 

 

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        Puis nous sommes partis quatre ans en expatriation et avons loué la maison. À notre retour, l’essentiel du jardin était occupé par les thuyas échevelés et en partie desséchés... Alors j’ai attaqué ! Pour accéder au jardin, il fallait passer par le salon, ce qui excluait d’employer de grands moyens. C’est donc armée d’une pioche et d’une scie que j’ai entrepris de dézinguer cette haie qui bouffait le peu d’espace. Les arbustes avaient eu le temps de bien grandir et s’enraciner, et en plus le thuya, c’est désagréablement piquant. J’y ai mis le temps, mais je les ai extirpés, débités, évacués. Bon, mais le grillage dénudé n‘était pas terrible, il fallait arranger ça. 

          Je voulais des treillages de bois, avec l’idée d’y palisser des plantes : une façon simple de ne pas trop empiéter sur l’espace libre. Mais d’abord, il fallait s’occuper de la terre, comme je l’avais appris en lisant d’innombrables numéros de « Ma maison mon jardin » : il aurait été difficile de remplacer les mètres cubes d’horrible argile collante qui constituaient mon sol, et je me suis contentée de creuser une tranchée à l’emplacement de l’ancienne haie, et d’ôter tout ce que j’au pu. J’ai fourré de lourdes mottes de cette terre bétonneuse dans de petits sacs poubelles que j’ai glissés dans le container d’ordures ménagères au fil des semaines telle l’assassin se débarrassant de sa victime par petits morceaux. Comme lui, j’en éprouvais un peu de honte, et beaucoup de soulagement.         

         Ces basses œuvres achevées, est enfin venu le moment jouissif : ma tranchée remplie de bonne terre, mes catalogues et revues longuement épluchés, j’ai élaboré une liste de plantes choisies en fonction de cinquante critères et j’ai filé à la grande jardinerie d’une zone commerciale : le paradis, mais aussi l’enfer. J’ai passé des heures à choisir les treillages de bonne taille, hésiter entre les plantes, prendre un pot, le reposer, me laisser tenter par des arbustes en pleine floraison, les rejeter parce que, non, ce n’était pas judicieux...

             Je suis revenue, la (grande) voiture remplie à ras bord. Las, une fois disposés dans mon pourtant minuscule jardinet, la profusion de pots était bien loin de créer l’effet de luxuriance dont je rêvais. 

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                                       À la plantation                                                                                                  Quelques mois plus tard        

          Patience et constance sont les principales vertus du jardinier, je l’ai appris avec le temps. Au bout d’un an et demi, les treillages et leur pied commençaient à être garnis : clématite des montagnes, escallonia, oranger du Mexique, chalef, rosiers et autres que j’ai oubliés. J’étais fière de moi, ce petit jardin, je l’avais imaginé et réalisé seule, c’était mon œuvre, mon premier jardin. Le fait que durant la même période j’ai écrit mon premier roman jeunesse ne me semble pas une coïncidence fortuite...

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     Mais je n’ai pas vu se développer mon petit jardin : nous sommes alors repartis à l’étranger, après avoir vendu la maison. J’avais fait un plan précis de mes plantations pour les acquéreurs, avec les soins à apporter à chaque plante : je ne sais pas s’ils ont suivi mes conseils. Je ne suis jamais retournée voir, les jardins qu’on plante, on les garde dans le cœur.